Le visage de l'indignation. Crédit : Mehdi Chebil.

Cette photo a été prise lors de la première manifestation des Indignés à La Défense, le quartier d’affaires à l’ouest de Paris, le vendredi 4 novembre. La préfecture de police avait délivré une autorisation de manifester entre 17 et 21h, mais de nombreux Indignés s’étaient promis d’installer un campement et d’y passer la nuit. Cette image capture la tentative de résistance non-violente des manifestants, qui s’assoient et essaient de former une chaîne humaine pour protéger leurs tentes fraichement déployées.

Le visage du jeune homme de droite reflète bien l’indignation qui s’est emparée des manifestants au moment où les gendarmes ont arraché les premières tentes. Cette photo a été prise dans le feu de l’action, au moment où la manifestation a dégénéré en une espèce de mêlée entre manifestants, policiers, et journalistes -ma collègue Charlotte Boitiaux a été bousculée.

La manifestation des Indignés a été propice à deux types d’images complètement différentes. D’abord les photos "instinctives", comme celle-ci ou d’autres prises en fin de soirée montrant une intervention policière beaucoup plus massive. Mais j’ai aussi pu prendre des photos plus "réfléchies" : des portraits posés des Indignés interviewés pour notre article, ou des plans larges montrant l’aspect démesuré de ce quartier d’affaires de La Défense.

Cette jungle de tours de verre à perte de vue était d’ailleurs un élément visuel crucial puisqu’elle représente symboliquement le pouvoir de la finance mondialisée et déconnectée de l’économie réelle. Mais, au final, ce symbole n’a pas réussi à mobiliser les quelques milliers de personnes nécessaires à une véritable "Occupation de La Défense" et le nombre d’Indignés n’a jamais dépassé les 300 – 400 personnes.